Monday, May 19, 2008

La jalousie

Dans cette sale vide dont les portes mènent à quelques autres quatuors de murs silencieux, ton attention pendait dans le vide. Légère et dançante, elle pétillait sur quelques meubles absents avant de revenir sur tes genoux tel un enfant gâté et parresseux. Non loin de toi, assis sur cet animal abattu à forts coussins de velours, Il te parlait, mais le vent de ses paroles ne soufflait pas dans la forêt de tes pensées. Là l'hiver s'était installé, et les arbres intacts s'échangeaient le silence qui s'appuyait sur eux. Gris, les sons ne se propageaient pas dans cette touffe de paille humide, et les seuls brins qui gettaient encore se cachaient dans l'immobilité. Au loin, tel un faible bâttement d'une fenêtre par une brise sans volonté, on entendait les paroles qui se perdaient dans les champs comme des vagabonds vêtus, sans rien à dire, cherchant un interlocuteur ininteressé. Sur les arbres, les brins ne poussaient pas de ce côté-lá.
Tes mains jouaient tranquilement sans savoir qu'elles dénonçaient les gestes errants de ton regard. Un peu plus en bas, il abandonnait tes genoux confortables pour venir serrer la main qui dans Ses yeux attendait craignante, alors que deux petits anges rosés tiraient en même temps sur tes joues pour faire avancer le sourrire.
Pourtant, parfois, sur le chemin de retour vers son étoffe, d'une maligne feinte ton regard fait un faux pas vers moi et, penchée sur le sol, tes yeux d'un air plat se posent - non pas sur les miens - mais un peu au dessous, sûrement non plus de vingt centimètres, quelque part sur moi, avant de se relever et de venir paisiblement s'assoir sur le giron.
Derrière moi, isolée, sur un mur vide parmi les meubles, l'action tourne naïvement sur les aiguilles de l'horloge, se répetant, lente... les murs, les meubles, les portes, nulle part, le regard, se pose, se lève, revient, vingt centimètres. Puis dix, puis cinq, et plus que trois, plus que deux, rien que un. Le voilà. Tes yeux plats se posent sur les miens, je leur relève le couvercle pour voir la cuisson fumante qui s'y prépare. Puis je refermai, et ton regard se relevait.
Dans cette salle vide dont les portes mènent à quelques autres quatuors de murs silencieux, ton attention pendait dans le vide.

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