Stand-up (1)

Alors aujourd'hui c'était un de ces jours super, mais ben juste terrible. Terrible pour moi bien sûr , hein, c'est pas la normalité. Ah non, didieu! Moi, je suis physicien. Moi, la Britnesse S'pierce ça me fait que dalle. Bon, quand je dis moi, bien sûr, je parle que de la tête. Parce que le bidule là en bas, dès qu'il détecte la britnesse, hop là!, il hausse le périscope. Ah, c'est un malin lui... Faudrai que je le sorte un jour peut-être, question de lui montrer la ville. Je sens qu'il commence à s'interesser à la science lui. Il va être comme Papa. L'autre jour, je lui ai raconté une histoire le soir pour l'endormir, et puis je l'ai assis sur mes genous et il m'a fait «Papa, c'est quoi la spéléologie?». Ah, les jeunes, les jeunes, comme la cu-rio-si-té ça les touche! Je suis tout fier. Alors comme un bon père je lui est répondu: «Hé! Hô! Tu veux bien arrêter de me parler où quoi? Ça fait une semaine que je ne bois plus!»
Ah oui hein! parce que quand vous buvez les bidules ils se mettent tous à parler comme des tchattes-tchattes. Quand on rentre tout troglodytés après une soirée en boîte et qu'on veut faire pas de bruit en rentrant chez soi parceque la copine, elle, elle en à marre de faire la vesselle sans le câlin du roudoudou après, c'est là que tous les machins se metent à parler. On arrive, on veut mettre la clé dans la serrure et c'est alors que elle se décide à vous faire connaissance. Et comme toutes les femmes, elle fait la difficile au début. Moi, je ne lui répond pas, j'essaye simplement de mettre la clé dans le trou mais la serrure n'arrête pas de bouger. «Ah, non tu ne vas pas me la mettre dans le trou sans qu'on se connaisse mieux! Pour qu'elle femelle d'animal me prends tu, espèce de sauvage?». «Mais t'es conne ou quoi?! Je te la mes dedans tous les jours et tu ne me dis jamais rien, c'est maintenant que fais l'abstinente?!». Faut dire que quand je gueule à la serrure, de l'autre côté c'est pas le silence qui m'attent non plus! Dès que je rentre, ma copine, elle se met à jouer ma mère, en imitant même les cris et tout. Alors elle est bien sympa de m'aider à ne pas manquer Maman mais j'aurais préferé qu'elle me laisse tout simplement jouer avec les nichons comme Maman le faisait quand j'avais un an. Mais alors, non, ma copine il faut qu'elle fasse des discours: «Raigne, rochigne, trucide...» (j'avoue que je n'arrive jamais à me concentrer sur ce qu'elle dit quand elle râle, ou quand elle me demande des trucs; c'est peut-être une maladie, faudrait que j'aille voir un médecin.). «Mais vé la pitchoune que je te dis que la serrure elle me laissait pas rentrer, c'est quand même pas de ma faute quoi!» Mais elle continue. Faut dire qu'avec celle là y'a pas besoin de boire pour la faire parler, ah non! Pour elle, parler c'est une deuxième façon de respirer. Ou peut-être même une première. C'est pire que la radio. Et en plus c'est une radio du vingt-et-uni-ème siècle parcequ'elle s'allume automatiquement dès qu'on s'en approche et en plus toujours sur la chaîne qu'on ne veut pas. Alors bien sûr le guide d'utilization je l'ai jeté poubelle au deuxième rendez-vous ce qui fait que je n'ai aucune idée de comment la faire taire. Une fois j'ai même essayé de tourner un des tétons voir si on pouvait baisser le volume et "Clac!". Là c'est sa paume qui a parlé, ce qui m'a surpris parceque je n'avais rien bu. Imaginez si j'avais bu! mais au moins ça aurait fait moins mal.
Quand on est bourré, ils parlent les objets que je vous dis. Par contre l'année dernière, je suis allé en Italie et je me suis foutu dans une de ces villes avec de ces rues ridicules qui ne servent à rien. Oui, qui ne servent à rien! Vous savez les petites rues désertes où il n'y a personne, où quelqu'un a laissé son linge pendu il y a environ deux guerres mondiales et où les chats ils sont au régime pour pouvoir passer dans les rues. Elles ne servent à rien ces rues là. Ils les ont baties pour pouvoir vendre des cartes compliquées aux touristes, et puis de temps en temps ils en prennent un ou deux en ôtage et ils demandent une rançon pour les faire sortir de là. Mais me voilà perdu comme un con. Eh bien, là les bidules ils ont pas été fichus de me dire quoi que se soit. Même pas où me procurer de l'alcool pour pouvoir leur parler. De toute façon ils allait me parler en italien ou marrocain, ou mafiarcien. Ah oui, faut aussi savoir qu'en Italie la mafia elle contrôle les éboueurs. Alors il y en a des rues où les poubelles sont "very typiqueul". Ça pu la pasta pourrie partout. Je crois d'ailleurs que c'est pour ça que les chanteurs italiens ils chantent avec des voix ridiculement nasales. C'est parcequ'ils se bouchent le nez. Essayez ça marche. Les nanas elles vont vous prendre pour Ramazzotti: « hoooo caaaammiiiinaaaatooo suuuu peeeensiiiiieriiii riiiipiiiiidiiii... mais poutain qué sa poue per ici!».
Mais alors, eux, les italiens, ils savent faire taire les femmes.

A cool wind is blowing

Heiemo kvad, det song i li.
vakna dikko ædelege drengje
Det høyrde nykkjen, på havet skrid,
For de hev sove tidi for lengje.

Heiemo kvad, det song i lund
vakna dikko ædelege drengje
Det høyrde nykkjen, den hei'inghund
For de hev sove tidi for lengje.

Nykkjen tala til styringsmann:
vakna dikko ædelege drengje
Du styre mitt skip på kristne land!
For de hev sove tidi for lengje.

Eg vil meg på kristne land gå,
vakna dikko ædelege drengje
Den vene jomfruva vil eg få.
For de hev sove tidi for lengje.

Så gjeng han seg i stova inn
vakna dikko ædelege drengje
med håge hatt og blomekinn
For de hev sove tidi for lengje.

Nykkjen han dansa, og Heiemo kvad,
vakna dikko ædelege drengje
det gledde alt folket i stogunne var
For de hev sove tidi for lengje.

No må kvor gange heim til seg,
vakna dikko ædelege drengje
Heiemo tek eg på skipet med meg.
For de hev sove tidi for lengje.

Heiemo, Heiemo, still di harm,
vakna dikko ædelege drengje
du sku sove på nykkjens arm.
For de hev sove tidi for lengje.

Ho stakk til nykkjen i holamot,
vakna dikko ædelege drengje
odden han rann i hjarterot
For de hev sove tidi for lengje.

Her ligg du, nykkjen, fyr ravn og hund
vakna dikko ædelege drengje
enno hev eg min kvedarlund.
For de hev sove tidi for lengje.

Heiemo Og Nykkjen, tradicional, Norway

La jalousie

Dans cette sale vide dont les portes mènent à quelques autres quatuors de murs silencieux, ton attention pendait dans le vide. Légère et dançante, elle pétillait sur quelques meubles absents avant de revenir sur tes genoux tel un enfant gâté et parresseux. Non loin de toi, assis sur cet animal abattu à forts coussins de velours, Il te parlait, mais le vent de ses paroles ne soufflait pas dans la forêt de tes pensées. Là l'hiver s'était installé, et les arbres intacts s'échangeaient le silence qui s'appuyait sur eux. Gris, les sons ne se propageaient pas dans cette touffe de paille humide, et les seuls brins qui gettaient encore se cachaient dans l'immobilité. Au loin, tel un faible bâttement d'une fenêtre par une brise sans volonté, on entendait les paroles qui se perdaient dans les champs comme des vagabonds vêtus, sans rien à dire, cherchant un interlocuteur ininteressé. Sur les arbres, les brins ne poussaient pas de ce côté-lá.

Tes mains jouaient tranquilement sans savoir qu'elles dénonçaient les gestes errants de ton regard. Un peu plus en bas, il abandonnait tes genoux confortables pour venir serrer la main qui dans Ses yeux attendait craignante, alors que deux petits anges rosés tiraient en même temps sur tes joues pour faire avancer le sourrire.

Pourtant, parfois, sur le chemin de retour vers son étoffe, d'une maligne feinte ton regard fait un faux pas vers moi et, penchée sur le sol, tes yeux d'un air plat se posent - non pas sur les miens - mais un peu au dessous, sûrement non plus de vingt centimètres, quelque part sur moi, avant de se relever et de venir paisiblement s'assoir sur le giron.
Derrière moi, isolée, sur un mur vide parmi les meubles, l'action tourne naïvement sur les aiguilles de l'horloge, se répetant, lente... les murs, les meubles, les portes, nulle part, le regard, se pose, se lève, revient, vingt centimètres. Puis dix, puis cinq, et plus que trois, plus que deux, rien que un. Le voilà. Tes yeux plats se posent sur les miens, je leur relève le couvercle pour voir la cuisson fumante qui s'y prépare. Puis je refermai, et ton regard se relevait.

Dans cette salle vide dont les portes mènent à quelques autres quatuors de murs silencieux, ton attention pendait dans le vide.

Aliens, elfs, big-foot... without Hollywood they'd be lost. Or would they? I already knew in Iceland you need a special authorization from the Elf-lore councillor whenever you want to build something on that island - so you won't mindlessly risk disturbing the elves' kingdom, and that in Nepal there's a special plan exclusively aimed at protecting the Yeti and preserving its habitat. But now, I ran by this hilarious line as I was filling in the Russian visa application form today:

Type of passport : _ diplomatic _ official _ tourist _ seaman's passport _ alien's travel documents

So while SETI is analysing terabytes of cosmical noise to find alien transmissions from outer space, Russia is already issuing visas for extraterrestrial visitors, as long as they have some valid E.T. travel documents. Who knows? I might be lucky and meet Elvis on the Transiberian.

The Greatest Useless Thought

Have you ever eaten strawberries and wondered whether everybody else experiences the same taste as you do? Or looked at your fine blue blazer and asked yourself if your girlfriend also pictures blue the same way you do? If you have, then you have already been confronted with the puzzling undeniable fact that, as long as we interpret everything consistently, there is no way to know what blue actually looks like. Blue as you perceive it, is a mental illustration of signals sent by the eye to your brain when its light receptors are stimulated by electromagnetic radiation within a determined range of energy. This is nothing more than what a lineage rooted in ancient tantric hindu traditions, retaken by buddhism and recently preached in The Matrix, has been trying to figure out.

The concept itself is quite easy to understand. Our experience is made of nothing more but mental interpretations of electrical activity in our cerebrum induced by a foreign reality of some unknown nature. This is a modern reinterpretation of written texts such as the Abhidharma or the Prajñaparamita, which try to explain the theory of voidness. This doesn´t mean the world does not exist - as in the nihilist meaning of voidness, it only says the world as we see it is not the real world, it is only an illusion built upon a limited perception of reality. What you think to be your hand is not you hand, it is not part of you, it is brain activity. Somewhere, beyond this veil of illusion, in the outer reality, is the real hand, the one we can't access, an impressive agglomerate of cells, molecules, atoms, elementary particles which have nothing to do with what a hand really is. By 'really' I mean what for us is a hand. It's skin-colored, it is connected to our body (hopefully), it has five fingers which can wriggle happily or grasp angrily, it has nails which can elegantly pluck a string or be nervously bitten. A hand is far from being a one-piece concept and you will find that everything is in fact a collection of simpler concepts which may be recursively subdivided in our mind. And all that is in our head. Your friends, your house, your sweetheart, they're all in your head, they are ions being transfered inside a complex neural network. I don't mean to say you're making it all up, that there is nothing there to be perceived and that you're simply nuts; that's nihilism. I'm saying it really is there, it's just not what you consider to be 'it'. Reality is only experienced through perception and interpretation. That may be seen as the veil and the illusion.
Now once you have successfully realised things are so, you start wondering what you might do reagrding such a shocking revelation. And that's when one undertakes the path to enlightenment, the Dharma, the road to absolute freedom from illusion, the ultimate liberation from your own mind. If our mind is providing us with this world we care for and suffer for, thinking it is the real thing and that pain is more than just neurotransmitters (it feels more than neurotransmitters) then let's be free from it, let's tear down the veil of illusion, let's behold percepted phenomena as mere illustrations. These are the teachings you may find in the Abidharma which is the foundation for Hinayana buddhism practised in South-East Asia. Every man, should he whish to cease his suffering permanently (of course, when they say permanently they mean throughout your endless cycle of reincarnations and not just one lifetime), must walk the path to nirvana to be free from all illusion and never suffer again. This is the path Neo walks in The Matrix until he atains nirvana after Trinity kisses him (so would I attain...). He follows a master (Morpheus) and an oracle who lead him to realise all he perceives isn´t there, that his brain is making thin computer code into big 'real' things.
The Prajñaparamita sutras, the corresponding texts for Mahayana and Vajrayana buddhisms practised throughout Asia from Tibet to Japan, take it a little further. A Zen master once said:

Before I had studied Zen for thirty years, I saw mountains as mountains,

and waters as waters.

When I arrived at a more intimate knowledge, I came to the point
where I saw that mountains are not mountains,

and waters are not waters.

But now that I have got its very substance I am at rest.
For it's just that I see mountains once again as mountains,

and waters once again as waters.

Hope. Till this very moment, life was like a dream in which sense was mistaken. You knew it was there but it wriggled and squirted like an eel, dark and misterious, eluding your mind's cluch, slipped and crawled out of your feeble logic back to that black pool, unknown. Now, you've found it, it jumped right into your arms like a foolish pet, peirced the cristaline surface of the water that preserved its mystery, and there you held it, divine, shinning in your strong grasp, hand in your hand, the king of all thoughts, now subdued to your master, to your mind, to reason's rules, like an innocent child, the key to the door... out. Victorious, in your head ring the bells of pride, ancient men dance in your imagination upon sacred dirt, calling for the world - 'The savior has found the key!', you, you knows.

You light its flare but it points at nothing. Nothing changes. No key hole. You weave it high on the shadows of this new-found illusion, hoping to tear the veil, to burn it down in glorious vengeful flames the lie that keeps us bound. But they don't move or even faint. The illusion remains. Mad, your power screams in pain, starting to feel its logic rotting from inside, consumed by doubt, growing within like a cancer threatning to shatter down the bridge across the river. And so the beast stirs again, out of its fallen corpse comes a stronger stench, bleached and permanent, and you hit it with your mind, but it rises back up, and you bash it, strike it, hammer it down under your reason's mallet, strirring thin air only to swirl it hard enough so the stench comes closer to your nose, bragging like a clever girl crying out laughter in your beard.
Defeated, the eyes that once saw now watch pointlessly as the walls fall back in, suffocating, driving air into concrete which you breathe, shear illusion filling your lungs like metal, and the flame goes dead under its bricks.

This is the way the world ends
This is the way the world ends
This is the way the world ends
Not with a bang but a whimper.

What comes next is irrelevant. Because after what comes next, everything is. Your mind with its rightful rules of logics - that pit of divine where all phenomena falls in to become true and real, even yourself, are too that same illusion. Brain signals if you wish to believe what you see, what your mind makes out from it. It doesn't matter what you believe, what you do, if you get out or stay. There is no illusion for there is no one to be illuded. There is no difference between what you see, what you hear and your thoughts, your feelings, the very sense of yourself. Existence is a mind's deal. Accept it or not, it won't leave. You rely on it to be. You are what it is.
Nothing matters anymore. Morality, faith and science are comfortable buildings in which we rest, putting away behind its walls the truth which we dare not check it has left. You come to me, with your frail principles and your common sense, but I am beyond it. Your angered blows are like tasteless kisses on a dry veil separating our mouths. You will never meet me, and I will never meet you, for we both exist.
The Path is over before it started; there is no one to be freed.

The horror.... the Horror.